dimanche 20 février 2011

Speedy gonze à l'aise (Cómo tratar la eyaculación precoz.)

On ne saurait dire si c'est parce que Michèle Alliot-Marie n'est «pas ministre des Affaires étrangères » quand elle est « en vacances » ou, au contraire, parce qu'elle l'est « 24 heures sur 24 » et « 365 jours par an », mais les affaires en question ne vont pas bien.
Notre diplomatie va même de mal en pis.
Nous n'avons rien vu venir de la révolution tunisienne. Sinon le scandale des vacances mal inspirées de MAM qui prennent désormais (voir p. 3) un tour immobilier.
Nous n'avons rien su dire de la révolution du Caire, où, là encore, la France, qui se targue d'une « politique arabe » que le monde entier est censé nous envier, n'a brillé que par les vacances en famille tous frais payés de son Premier ministre. Et, dans les deux cas, les commentaires officiels ont été bien timorés face au vent de démocratie qui bouleverse le monde arabe.
Y compris ceux du président de la République, qui se trouve être aussi celui du G20.Il entend refonder l'économie mondiale et son système monétaire, mais n'a rien à dire sur la victoire des manifestants de la place Tahrir.
Sinon quelques propos méfiants donnant à penser qu'il s'accommodait fort bien du régime précédent. Mais l'Égypte le préoccupe moins que le Mexique, avec lequel nous voilà en pleine guerre diplomatique.
MAM, encore elle, a donné le ton et ouvert les hostilités. Après que la justice mexicaine a confirmé la peine de Florence Cassez, elle a parlé, histoire de faire un peu oublier la Tunisie, de « déni de justice » et de « décision inique ».Des propos très moyennement diplomatiques qui n'ont évidemment pas mis le gouvernement mexicain dans les meilleures dispositions pour une éventuelle libération. Ou au moins pour un « transfèrement » en France de la jeune française condamnée dans des conditions pour le moins contestables pour enlèvement.
Et, là-dessus, voilà que notre président de la République et du G20 en rajoute en décidant de faire du cas de Florence Cassez une affaire personnelle et de ce fait divers une affaire d'État.
Lors d'un voyage au Mexique en 2009, où son séjour avec son épouse dans un hôtel appartenant à un milliardaire mexicain (décidément !) avait suscité quelque émoi, il avait déjà sans succès évoqué le cas de Florence Cassez.
Cette fois, en décidant de lui dédier l'Année du Mexique en France, il a choisit la guerre frontale plutôt que la négociation. Après la diplomatie, place au Sarko justicier qui s'en prend non pas au « peuple mexicain », mais à « certains de ses dirigeants ».
Le problème est que cette affaire devenue plus politique que juridique l'est aussi au Mexique, où un ministre impliqué en a fait un enjeu personnel, et où les « enlèvements » concernent au premier plan l'électoral du président Calderôn.
Politique intérieure française contre politique intérieure mexicaine. Avec, au passage, le paradoxe du même Sarkozy qui accuse les juges français d'être laxistes et reproche à leurs homologues mexicains de ne pas l'être assez.
Mais, si jouer les vengeurs masqués au pays de Zorro peut plaire à « la France des terroirs a chère au cœur de l'UMP, il n'est pour autant pas certain que ce genre de rodomontade, ne lui en déplaise, soit le plus sûr et le plus rapide moyen de faire libérer Florence Cassez.

Erik Emptaz

Scanné dans le "Canard Enchaîné" du 16/02/2011.

2 commentaires:

solveig a dit…

Il est vrai qu'avec des amis comme ça, Florence peut parfaitement se passer d'ennemis ...

LE MAMI a dit…

Ombre!
Zorro est arrivé!